Hiroshima, patrie des Témoins de Jéhovah.

Ouais non je suis pas en retard... C'est juste que Shu et M.Pod sont parties, j'ai un peu les boules, suis allée une semaine à Hiroshima, Anakin est viendue un peu puis repartie à Nagoya et Rin est rentrée à Taiwan.

Je vais pas trop parler des derniers jours de janvier tout de suite, car je suis une sale fiotte et que les filles me manquent. Ouais, c'est comme ça.

Donc Hiroshima.

J'ai réservé des billets de bus de nuit (moins chers que les trains, haha)  et un hôtel sur le net. Au départ je m'étais dit que partir plus de trois jours ça servirait à rien, vu qu'à Hiroshima y'a pas tant de trucs à touristes que ça ; et puis je me suis rappelée que j'aimais pas les trucs touristiques de toute façon, alors autant prendre le temps de faire un tour.

Départ donc le 3, depuis Shinjuku (enfin une gare routière super relou à trouver à Shinjuku) pour arriver le 4 vers sept heure et des brouettes à la gare de Hiroshima. Joie et bonheur, mon hôtel était pas loin (c'est d'ailleurs pour ça que je l'avais élu parmi la foultitude de ses camarades. Ça et le prix aussi). J'étais à côté d'une gaijin anglophone tout le trajet, qui a maté Hana yori Dango sur son Iphone pendant une partie de la route. Les sièges de la gamme "relax" sont très confortables, étroits mais inclinables à fond les ballons, ce qui fait que j'aurais pu curer le nez de la personne assise derrière moi tout en me démêlant les cheveux (si j'avais été du genre à me démêler les cheveux).

J'ai eu la chance que mon lit soit déjà prêt si tôt le matin (normalement le check-in se fait pas avant 14h me semble...), j'ai squatté le dortoir (pour 4, mais y'avait qu'une Allemande, Effa ? qui de surcroît parlait français) et la douuuuuuuuuuuuuuuuuuche ! Une fois à peu près opérationnelle, j'ai embarqué ce qui me restait du snack acheté sur une aire d'autoroute et hop ! direction dôme de la bombe A et musée de la paix. Alors déjà, quelque soit le prétexte, n'achetez jamais, JAMAIS, j'insiste, de lait aux fruits. Ça a le goût de chewing-gum liquide, en pire, ça reste sur la langue deux plombes, ça file la gerbe, bref : non. Ensuite, si comme moi vous êtes radasse écolo et comptez vous déplacez à pattes, prévoyez des grosses chaussettes et des chaussures costaudes : Hiroshima en février ça caille.

Bon, j'ai mis mille ans (environ) pour rédiger ce post parce que le musée me hante encore, et je dis pas ça pour rire. Mais il fallait que je pousse ma gueulante contre les témoins de Jéhovah, donc voila. Quel rapport, à froid là comme ça ? Et bien c'est simple : à mon arrivée au dôme, en bonne touriste qui a de solides principes, je sors mon appareil et commence à me battre avec mes doigts gelés (tout en me disant que j'aurais vraiment dû acheter des gants). Là arrive un groupe de trois petits vieux (deux dames & un monsieur), qui me disent bonjour en anglais. J'me dis "ah, des Asiatiques de je sais pas où, ils sont peut-être perdus, vais les aider avec mon beau plan tout en couleurs que je viens de piquer à l'hotel !". Et bien non. Être gentil et aimable avec les gens ceymal. Très. Ne voulant pas être impolie (les petits vieux sont ma faiblesse), je suis quand même obligée de leur parler en japonais parce que leur anglais est trop difficile à saisir. Ils me demandent ce que je pense de la ville, donc bah j'explique que là ça doit faire trente-cinq minutes que j'y suis, c'est un peu juste pour se faire une opinion. Et ils me demandent si je connais les Témoins de Jéhovah. Mais non mais... Bon, j'accepte leur papier mais les préviens que Dieu et tout c'est pas franchement ma tasse de thé à moi hein, mais bon ok je lirai, je lirai merci au revoir. "Non mais on voudrait savoir ce que vous pensez de la paix."... On peut en penser quelque chose de la paix ? Et sinon c'est quoi votre avis sur la vie ? Ouais. Voila.

Bref, je finis par me barrer parce que ma patience à déjà fuis et que si elle me sème après je traumatise les gens. Un peu plus loin on peut voir un monument avec une sorte de Kannon à ailes d'ange, apparemment dédiée aux étudiants ayant aidé la ville pendant la guerre et juste après la bombe (comprendre : la plupart sont morts, plus ou moins rapidement, et pas tellement proprement). Là y'a le pont pour rejoindre le musée, avec deux touristes dessus (les premiers de la journée, youhou je suis pas seule).  Juste à droite en sortant du pont se trouve le monument dédié aux enfants décédés des suites des radiations, construit plus particulièrement pour Sadako (pas celle qui sort de son puits pour hanter les télés mais l'autre, qui a développé une leucémie dix ans après la bombe et s'est efforcée de plier 1000 grues en origamis, persuadée que qui accomplissait cette tâche se voyait exaucé le voeux de son choix. D'où désormais les montagnes d'origamis de grues partout).

Et là, c'est le drame, un couple plutôt jeune qui m'aborde exactement comme les petits vieux de tout à l'heure. Mais merde vous allez me laisser prendre mes photos et me fiche la paix ? Du coup pour eux j'étais une Française ne parlant ni anglais ni japonais désolée.

L'histoire de la flamme qui brûle en permanence je trouve ça bizarre, mais admettons. En tout cas elle est galère à prendre en photo.Et comme y'avait des classes de trolls qui prenaient d'assaut l'entrée du musée, j'ai courageusement fuis à nouveau et été prendre des photos de la fontaine derrière le musée. NA ! Une fois l'écoulement de troll dissout et ma place emplettée (50 yens, vraiment rien), c'est la partie la plus tendue : l'intérieur du musée. Une des nanas (Californie) que j'ai croisé au dortoir après coup m'a dit qu'elle y avait pleuré toute le journée et ça m'étonne pas tellement. Ils devraient vendre des armes jetables avec une seule balle dedans à la sortie du musée, ils auraient vite de quoi renflouer l'économie japonaise. (Et vu tout ce qu'on peut trouver dans les distributeurs japonais, ça ne serait pas *si* étonnant).

Dans le musée, on a droit à l'histoire millitaire de la ville d'Hiroshima (considérable d'ailleurs l'histoire en question hein, pendant les guerres russo-japonaise et sino-japonaise notamment, siège de l'armée impériale et tout le tralala). Le choix de la cible de la bombe A comme le détail des destructions sont expliqués très clairement et là aussi ça fiche un peu envie de vomir.

Cela dit pour être honnête, le pire c'est le passage avec les affaires des gamins. Des restes d'uniformes pour la plupart, avec une pancarte où l'on peut lire ce qui est arrivé au propriétaire. C'est pas que j'aime ce genre de détails morbides, mais ça me semblait irrespectueux de juste passer devant. Alors j'ai tout lu.

Je vais pas vous faire un discours sur la question, parce qu'entre les enfants morts brulés entre les bras de leurs parents, ceux qui n'ont même pas pu les retrouver et ceux qui ont survécu pour mieux mourir d'une léucémie dix ans plus tard, je ne vois pas comment en parler sans me mettre à hurler. Du coup je vous ai juste mis le tricycle de côté :

Il appartenait à un gamin de presque quatre ans, Shinichi Tetsutani, mort des suites de ses brûlures le soir du 6 août. Il vivait avec sa famille à 1,5km de l'épicentre. Son père, pensant que le petit se sentirait trop seul dans un cimetière loin des siens, l'a enterré (avec le tricycle qu'il aimait beaucoup) dans le jardin. En 1985 il l'a exhumé et finalement enterré dans la tombe familiale. Le tricycle a été donné au musée.

Et comme les Témoins de Jéhovah sont des gens consciencieux, un troisième groupe, avec deux dames cette fois, est venu m'enquiquiner alors que je mangeais tout en écrivant un texto (ce qu'elles auraient normalement du interpréter comme "pas disponible" non ? ). "Est-ce que vous croyez à la théorie de l'évolution ?"... Bonjour vingt-et-unième siècle, ça va la migraine ?

Bon, avant de me faire jeter des cailloux pointus qui piquent je précise que je me fiche éperduement de ce en quoi croient ces gens. C'est pas mon problème, chacun ses trucs. Mais faire de la pub pour sa religion dans un lieu pareil c'est juste immonde.

Demain j'vous parle des bons côtés de la ville, promis !

Et quand canalblog aura arrêté de bouder, y'aura des galeries, sur la gauche, avec des photos de la ville et du musée.

Comments

[Revanfrost]

Merci les filles ♥

Oui désolée pour le ralentissement, c'est que l'hiver j'hiberne. Hum. Le moral va un peu mieux, grâce notamment à une surplus de vidéo débiles (que deviendrais-je sans internet ? ) et à un isolement momentané. Ai repris des (piles) poils de bête et suis de nouveau presque d'attaque =P

Et écrire sur Hiroshima c'était retomber dans le musée et fiouuuu... Ça a pris le temps disons (et uitre, on est une fiotte ou on ne l'est pas huhu).

[shusama]

ahhh une nouvelle note !! y avait du laisser aller là !!
je suis contente de lire un peu ce qu'il s'est passé. j'ai beaucoup rigolé comme d'habitude. j'aurai rêvé de rencontrer des Témoins de Jéovah mais je n'ai pas eu cette chance... donc maintenant je sais que je dois aller à Hiroshima. POur le musée, j'ai envie de le voir mais je sais qu'ensuite j'irai directement à l'asile pour un petit traitement longue-durée post traumatique donc bon.. y a quelques années j'avais juste lu les dépliants qu'Aurélie avait ramené et j'avais pleuré -_-
bref sinon toi aussi tu me manque ;;
bisou prends soin de toi et continue ta mission de reporter au pays des fous !!

[Maïa]

Merci pour ton partage. Con et bateau de dire ça et pourtant sincère. J'ai lu, tu m'as permis de voir au travers de tes yeux, j'ai la gorge nouée et les petites larmes aux yeux.
Tu es très courageuse d'y avoir été. Je n'ai pas pu.
Ces "témoins" font preuve d'un prosélytisme pour le moins inhumain et mercantile. C'est moche.